Danser au milieu des ombres

Je ne suis pas une héroïne.

Je suis Camille, j’ai 25 ans, et pendant longtemps, j’ai cru que ma douleur n’avait pas de place.

Harcelée pendant sept ans, j’ai appris à me taire, à sourire quand ça brûlait à l’intérieur, à devenir ce que les autres attendaient — jusqu’à m’oublier complètement.

J’ai aimé à en perdre la tête. À m’attacher trop vite, trop fort. À confondre amour et survie.

J’ai été toxique aussi. On ne parle pas assez de ça : de quand on fait mal en pensant aimer bien.

J’ai mis des années à comprendre que ce n’était pas normal de s’écrouler quand quelqu’un part.

Et puis il y a eu la danse. Mon corps a parlé quand ma voix ne pouvait plus.

J’ai dansé pour respirer, pour crier sans bruit, pour tenir debout.

J’ai perdu ma grand-mère, un des seuls repères stables que j’avais.

Et j’ai continué à danser, même dans le noir.

Les réseaux sociaux m’ont offert un miroir. Parfois bienveillant, parfois cruel.

Mais ils m’ont permis d’exister autrement. De dire : « je suis là », sans demander la permission.

Danser au milieu des ombres, ce n’est pas juste un livre.

C’est un morceau de moi. Pas celui que je montre en photo, mais celui que je planque sous les filtres.

Si tu lis ces mots, alors tu me vois un peu.

Et ça, déjà, c’est immense.